lundi 10 août 2020

De la mère en général. De la mère du Général. De la mère patrie en particulier. Par Pr ELY Mustapha

 A-t-on jamais vu un candidat, à une élection présidentielle, venir accompagné de sa propre mère pour déclarer sa candidature. Ould Ghazouani l’a fait. Pourquoi l’a-t-il fait et était-ce nécessaire dans la course à la présidence?

De la mère en général

On s’est fait tous accompagner de nos mères jusque tard dans le primaire, puis nous ne les retrouvions plus qu’au sein du foyer familial. Adolescents puis adultes, nous sommes devenus, et nos mères nous suivaient toujours mais nous ne les emportions pas avec nous, même si nous les portions dans nos cœurs.

Au crépuscule de nos vies nous nous rendons cependant compte que nous avons perdu quelque chose, de précieux et d’irremplaçable, la présence de nos mères et quand elles quittent ce monde nous nous prenons à regretter chaque instant que nous n’avons pas pu passer à leurs côtés. Les responsabilités, l’éloignement contribuant à cela, nous aurions bien aimé n’avoir jamais fait ce parcours de vie pour un souffle de vie d’une mère.

De la mère du Général

Ould Ghazouani, à la tribune, tous les yeux étaient pour sa mère. C’était elle la vedette. Celle qui par ce geste a montré que l’humilité, en toutes circonstances mêmes officielles, est un héritage.



Ould Ghazouani, à la tribune, s’est effacé, ni candidat, en particulier, ni militaire, en général. Il aurait pu faire un discours inachevé que cela passerait inaperçu. Mais la présence de sa propre mère constitue en elle-même, un bien plus long et plus précieux discours que celui qu’il a tenu. Elle en constitue le chapitre manquant, que par son chapelet, elle est venue combler.

En cette fête internationale de la femme se rappeler la présence de cette mère à la tribune aux côtés de son fils, en course pour une présidentielle, est un réel hommage à la femme. Celle qui élève et grandit l’homme. Elle n’a cependant dit mot durant une telle cérémonie et pourtant tout parlait pour elle. Il lui doit tout jusque ses étoiles.

Ould Ghazouani connait certainement bien l’hadith du Prophète Mohamed PSL: « le paradis est sous le talon de la mère ». Et les dispositions de surate el Isra : « N'assigne point à Allah d'autre divinité; sinon tu te trouveras méprisé et abandonné. Et ton Seigneur a décrété: ‹ n’adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère: si l'un d'eux ou tous deux doivent atteindre la vieillesse auprès de toi; alors ne leur dis point: ‹Fi!› et ne les brusque pas, mais adresse-leur des paroles respectueuses et par miséricorde; abaisse pour eux l'aile de l'humilité; et dis : ‹Ô mon Seigneur, fais-leur; à tous deux; miséricorde comme ils m'ont élevé tout petit.›»

De la mère patrie en particulier

Servir sa propre mère, pour venir servir sa mère patrie, il y a là une similitude qui ne peut échapper à l’observateur. De quoi dénoterait-elle alors ? Il ne fait pas de doute qu’une telle personne qui place sa propre mère dans un tel niveau de respect et de dignité, ne pourrait qu’en faire autant pour sa mère patrie.

Alors la question est : pourquoi la mère patrie est aujourd’hui dans un tel état de pauvreté de dénuement, de misère et de sous-développement ?

Une mère patrie dont 46% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, dont 26 % de déshérités sans logement, avec 90% sans prévoyance ni sécurité sociale, 75% de sa jeunesse au chômage. Ses 85 % de femmes sans emploi, ses 78 % de familles vivant de l’informel, ses 75 % vivant de l’aide alimentaire internationale, ses 90% de ses richesses entre les mains de 5 % de la population, ses 60% d’analphabètes, ses 78 pour mille de mortalité infantile, son 0,6 d’indice de développement humain, son administration à 99 % corrompue, ses politiques à 100% aigris, ses intellectuels à 90% suivistes, ses fonctionnaires à 100% endettés, ses ambassades duty-free, son gouvernement de laudateurs, ses commerçants banquiers-véreux, ses sénateurs-commerçants, ses députés sans assemblée, ses hôpitaux mouroir, ses pharmacies-boutiques, son économie surendettée, ses régions déshéritées, sa police corrompue, son armée piégée, ses écoles bradées, ses élèves entassés, ses enseignants déconsidérés, ses familles en déliquescence, ses enfants dans la rue, ses mendiants dans les avenues, ses imams putschistes, sa justice avariée, son riz en primature, sa société en otage, son président insatiable, sa dignité bafouée, son peuple piétiné, son désert qui avance, et sa mer qui monte, ses quartiers nauséabonds, ses bidonvilles à ciel ouvert, sa drogue à fleur de rue, ses médias confisqués, ses consciences achetées, son pétrole liquidé, ses contrats falsifiés, ses terroristes déguisés, ses marchés publics privés, son trésor public pillé…

Pourquoi nous portons nos mères aux cimes et oublions la mère de toutes les mères, la mère patrie ?

Si le paradis est dans la révérence à la mère, où mèneront alors les souffrances de la mère patrie ?

L’amour de la patrie est un acte de foi.

Ould Ghazouani, aujourd’hui simple particulier, œuvrera-t-il, s’il est élu, et contrairement à ses prédécesseurs et ceux avec lesquels il a collaboré porter sa mère patrie à la tribune des nations développées ?

Il est probable que portant sa propre mère à la tribune, c’est le message implicite et subliminal du candidat Ould Ghazouani à la présidence.

Il est vrai que l’amour de la patrie est une profession de foi. Tout autant que celui d’une mère.

Et seuls les actes comptent.

Pr ELY Mustapha

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